Le collectif des Citoyens engagés pour Palaiseau(CEPAL) désapprouve totalement l’abattage irréversible de 13 tilleuls, aux premières heures de ce vendredi 12 juin 2020, dans la cour de l’ancienne école Jules Ferry, site mal choisi par la municipalité pour l’implantation du Conservatoire à Rayonnement Intercommunal (CRI). Sourds à toutes les demandes de concertation comme à la nécessité de préserver un patrimoine écologique local, le Maire Grégoire de Lasteyrie et le constructeur Vinci ont choisi de passer en force.
Le conservatoire est l’un des principaux lieux d’activité culturelle de Palaiseau avec près de 1000 élèves et 60 enseignants. La construction d’un nouveau conservatoire est légitimement attendue depuis plus de 30 ans par de nombreuses et nombreux Palaisiens pour regrouper sur un site unique les activités de l’actuel conservatoire aujourd’hui dispersées dans la ville, dans des équipements souvent peu adaptés.
Avec une surface de 2 400 m2 sur plusieurs niveaux, ce nouvel équipement a vocation à accueillir 1 120 élèves à l’horizon 2024 au lieu de 940 actuellement. Il comprend 18 classes de pratique musicale, un auditorium de 120 places, cinq salles de formation musicale, deux studios de danse et une fabrique culturelle.
Si le principe d’un nouveau conservatoire fait l’unanimité, le projet a pourtant très vite suscité une vive opposition, du fait du site retenu pour son implantation, de la part de riverains qui se sont organisés en association pour signalerles inconvénients et dangers du choix de ce site. Un recours administratif a été déposé. Une pétition a recueilli plus de 400 signatures et des alertes ont été lancées auprès de collectivités et d’élu·es depuis plusieurs mois.
Le choix du site et les conditions d’implantation et de réalisation du projet n’ont clairement, à l’échelle intercommunale, municipale ou du quartier fait l’objet d’aucune véritable concertation permettant d’évaluer les impacts ou d’envisager les alternatives, ou de tenir compte des préoccupations du public.
L’opposition contre ce lieu d’implantation a été confortée par la prise de position de M. Poulain, maire-adjoint à l’urbanisme de Palaiseau durant le mandat 2014-2020, qui parle d’une “erreur manifeste”, pointant le manque de concertation, mentionnant deux autres sites possibles pour accueillir l’équipement (la sous-préfecture et l’îlot Ferrié-Paveurs Montrouge), l’insuffisance de stationnement, les problèmes de circulation à prévoir et la suppression d’un îlot de verdure en centre-ville.
Cette opposition repose notamment sur des arguments aisément vérifiables et parfaitement légitimes concernant les préoccupations suivantes :
- Le risque important d’atteinte à l’intégrité des habitations attenantes au site du fait de l’ancienneté de leur construction, sans fondations, sur un sol instable parcouru par des ruisseaux souterrains, dans un des plus anciens quartiers de Palaiseau, quartier qui a d’ailleurs été retenu par le P.L.U comme espace remarquable du centre-ville. La nappe d’eau localisée sous le site choisi pour construire le CRI était régulée en partie par la dizaine de tilleuls qui assurait un important et régulier pompage d’eau.
- L’étude des sols a été réalisée avant la finalisation du projet et n’a pas pris en compte le fait que le projet inclut maintenant un parking souterrain plus profond qu’initialement prévu. De ce fait, il y a urgence à réaliser une étude hydrogéologique complémentaire.
- Le risque pour la sécurité des futurs usagers du CRI et des riverains, vu l’impossibilité de mettre en place un nombre suffisant de places de parking dépose- minute du côté de l’avenue de Stalingrad (D117). Pour rappel, la D117 est un axe routier principal de Palaiseau avec un fort débit et il y a à ce niveau un carrefour très chargé. Le département de l’Essonne a d’ailleurs conditionné le nouvel équipement à des aménagements routiers qui ne sont ni étudiés ni budgétés dans le projet.
- Une contradiction flagrante avec la communication affichée par la municipalité de faire de Palaiseau « une ville verte, éco-exemplaire, en intensifiant la végétalisation de l’espace public ». Face aux épisodes de canicule de plus en plus fréquents, il est urgent d’adapter les communes au changement climatique. Cela signifie concrètement d’intégrer cet enjeu dans la culture urbanistique et architecturale, en faisant notamment la promotion d’une végétalisation urbaine et lutter ainsi contre les îlots de chaleur urbains. Le choix du site de l’ancienne école Ferry et l’abattage de 13 tilleuls vont à rebours de ce qu’il faudrait faire.
CEPAL regrette profondément que la municipalité, par manque d’anticipation et de concertation, ait persisté dans le choix de ce site, et choisi de monter les usagers du conservatoire, soucieux de disposer au plus vite de cet équipement, contre les Palaisien·nes préoccupés par la forme du projet. Lors du conseil municipal du 2 juin, les élu·es de CEPAL ont appelé le maire à suspendre le projet et ouvrir la concertation nécessaire, sans aucun succès.
Avec l’abattage des 13 tilleuls, malheureusement irréversible, le maire et Vinci espèrent probablement étouffer plus encore toute remise en cause du projet. Nous appelons au contraire plus que jamais à l’ouverture d’une véritable concertation.